Ostéopathie et étiopathie : quelle est la différence ?

Expert 20 novembre 2024
Si le terme ostéopathie est désormais connu, il n’en est pas de même pour l’étiopathie. Ce texte a pour dessein de mieux comprendre leurs différences, leurs convergences et leurs similitudes.

De la naissance au développement de la pratique étiopathique…

L’étiopathie est spécifiquement française, elle a été créée en 1963 par Christian Trédaniel. Celui-ci, dans son ouvrage intitulé « Principes fondamentaux pour une médecine étiopathique » rapporte la façon dont il a créé l’étiopathie :

« Au début des années 1950, victime d’un accident, je fus amené à prendre conscience de l’incapacité de la médecine. Atteint d’une terrible sciatique, je passai deux ans à trainer de médecins en spécialistes, de service radiologie en service de rhumatologie… C’est ainsi que je subis 36 infiltrations dans les « trous sacrés »[1] […] dit-il « en s’étonnant que cette maudite douleur revienne ».

[1] Les trous sacrés : Trous ovalaires, au nombre de quatre. Ces foramens communiquent avec les foramens pelviens qui servent de passage aux nerfs (aux branches postérieures des nerfs sacrés) et aux vaisseaux sanguins.

Il raconte ensuite sa rencontre avec le Docteur de Sambucy [1] et comment il décida de suivre l’enseignement de celui qui l’avait guéri. Il passa alors deux années aux États-Unis afin de suivre un enseignement chiropratique. A la suite de cette période d’apprentissage, il travailla à édifier une réflexion spécifiquement orientée sur la causalité de la pathologie. C’est ainsi qu’en 1963, il créa le terme « étiopathie » qui étymologiquement vient du grec aitia, la cause et pathos, la douleur.

Vous l’aurez compris, il s’agit donc pour l’étiopathe de s’intéresser à ces principes et à leur application manuelle. Mais ce praticien ne se contente pas simplement de constater la disparition des phénomènes ou des signes cliniques, il est capable de mobiliser un raisonnement spécifique lui permettant de « comprendre la situation » et de réduire la somme pathologique d’un individu en agissant sur l’ensemble de ses maladies, de ses troubles.

Les techniques ne sont pas forcément différentes de certaines techniques ostéopathiques qui se réclament de la famille des techniques structurelles (voir article différences entre techniques structurelles et fonctionnelles).

[1] De Sambucy (1909-1987), médecin hygiéniste, promoteur de l’allongement vertébral, il fut un acteur essentiel dans le développement de la thérapie manuelle en France.

…et ostéopathique.

L’ostéopathie quant à elle se réclame davantage d’une philosophie du soin qui constitue dès sa création le pivot de l’approche ostéopathique. « La philosophie agit en unificateur d’idées pour l’organisation et l’application des connaissance scientifiques nécessaires à la prise en charge d’un patient.[1] »

A noter que l’on retrouve, comme en étiopathie, une réflexion forte qui vient en amont du traitement afin de mieux l’organiser. Cependant, contrairement à l’ostéopathie qui va intégrer les notions, corporelles, spirituelles, psychologiques et éthiques, l’étiopathie va se concentrer dans une vision exclusivement mécaniste aux structures somatiques considérées comme supports de toutes fonctions du vivant en écartant toutes références à ce qui n’est pas d’après elle rigoureusement objectivable. Ainsi, tout traitement qui fait appel aux énergies aux fluides etc. apparait, pour l’étiopathie, comme étant de la magie.

Il est d’ailleurs frappant de constater que de nombreux ostéopathes sont devenus étiopathes dans les années 60 pour redevenir ostéopathes mais avec une identité forte fondée sur une approche scientifique affirmée.

[1]  Traité d’ostéopathie, Editions de Boecke, Section 1 -La philosophie ostéopathique.

Mais alors, comment faire la différence ?

On peut considérer que l’étiopathie et l’ostéopathie structurelle mécaniste possède les mêmes axiomes et les mêmes pratiques. Cela revient à constater que la distinction entre les ostéopathes est complexe et multiple. L’avantage de l’étiopathie est d’être plus claire dans ses concepts. L’ostéopathie est souvent plurielle.

La pratique étiopathique souffre de son nombre faible de praticiens qui rejoignent souvent les ostéopathes pouvant bénéficier de la reconnaissance légale de l’ostéopathie. Chose qui n’a jamais pu être obtenue en étiopathie. D’ailleurs, si l’étiopathie a été reconnue par les tribunaux comme de l’ostéopathie avec une philosophie différente, elle souffre d’une mauvaise image politique et d’une mauvaise structuration de ses études.

En ostéopathie animale, rappelons que Biopraxia et l’Ipoam (Institut Professionnels des Ostéopathes Animaliers) sont les « descendants » des premiers thérapeutes manuels pour animaux en France. À l’époque, nous nous étions d’ailleurs rassemblés sous la bannière de l’étiopathie.

En effet, cette pratique a pu contribuer largement, par ses principes, ses réflexions causales, à édifier l’approche mécaniste spécifiquement animalière que nous représentons et portons depuis 1993.

En nous appuyant sur des divergences et convergences structurantes, nous avons effectivement permis aux praticiens d’acte d’ostéopathie animale issus de Biopraxia de développer une pratique ostéopathique utilisant la méthode biomécaniste. Biopraxia est ainsi devenue la référence d’une approche à la fois ouverte et rationnelle.

Donc à la question « Quelle différence entre ostéopathie et étiopathie ? » Nous pourrions juste répondre :  Aucune ! A l’exclusion de ce qui les distingue !

La méthode biomécaniste, fil conducteur de notre enseignement

Biopraxia s’appuye sur la méthode biomécaniste pour enseigner l’ostéopathie. Cette approche rationnelle à visée scientifique rythme nos formations et est nourrie par l’apprentissage de techniques ostéopathiques (structurelles, fonctionnelles, crâniennes…).

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