Ostéopathie structurelle, fonctionnelle, énergétique...faire la différence !
Des techniques « fondamentalement différentes » ? Qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela tient à l’histoire et à la spécificité de l’ostéopathie en tant que médecine à part entière. L’ostéopathie repose sur des principes fondamentaux, des fondations de pensée en quelque sorte. À la fin du XIXe siècle, son créateur, Andrew Taylor Still, a considéré que ce qui pouvait être perçu à l’époque comme une nouvelle façon de soigner devait reposer sur des idées forces.
Par exemple, la capacité du corps à s’autoguérir, le fait d’envisager la circulation du sang et des liquides comme fondamental, la règle de l’artère ou encore le principe structure/ fonction qui postule que toute structure anatomique a une fonction propre etc*. C’est à partir de ces principes que l’ostéopathe doit poser sa réflexion et mener son traitement.
Tous les ostéopathes, quels qu’ils soient, sont censés répondre à ces principes de base. C’est d’ailleurs leur seule caractéristique vraiment commune. En effet, il existe une distinction importante entre les ostéopathes qui ont tendance à se singulariser au regard des techniques utilisées pour réaliser les traitements.
Les uns se considèrent plutôt structurels, les autres fonctionnels.
* Au point repos d’un monde tournant -Robert Lever-Editions Sully
Comment faire la différence et comment les reconnaître ?
Tout d’abord, il faut comprendre pourquoi les ostéopathes ont eu tendance à se caractériser par leurs techniques. Au départ cela est apparu à partir de considérations plus philosophiques que thérapeutiques.
Comme toutes les médecines, l’ostéopathie évolue avec son époque. Ainsi, les réflexions philosophiques et les progrès scientifiques ont pu assurer sa vitalité depuis presque 150 ans. Mais cet enrichissement global va conduire à explorer des voies différentes d’application technique selon les « écoles » et l’enseignement dispensé.
La notion de globalité au coeur de deux grandes orientations
Si le concept de globalité* du traitement et du patient est essentiel en ostéopathie, ce qui le distingue des concepts médicaux (qui traitent davantage les parties isolées du corps et les symptômes), les déclinaisons techniques des postures éthiques et scientifiques vont petit à petit se transformer en véritables distinctions d’approches concrètes sur les patients . Ainsi chacun traite la globalité du patient mais de façon différente.
Les approches magiques, religieuses ou rationalistes vont profondément orienter les ostéopathes vers les deux grandes orientations fonctionnelles et structurelles. Orientations à rapprocher aux deux courants philosophiques présents de l’Antiquité à notre époque contemporaine à travers le vitalisme et le mécanisme.
Pour faire court, le fonctionnel se rapproche du vitalisme et le mécaniste du structurel !
*Le concept de globalité en ostéopathie – Marie Eckert- Editions de Boek
Des techniques associées aux grands concepts
Avec le temps, les notions philosophiques et idéalistes s’éloignant des préoccupations de nos sociétés modernes, seules les distinctions techniques ont perduré. On reconnait bien cependant les techniques utilisées par rapport aux concepts philosophiques associés.
- Ainsi les techniques structurelles associées aux principes mécanistes (Descartes, rationalité etc…) sont plus orientées sur la mobilisation des structures pour rétablir les fonctions normales de l’individu. On va réduire un désordre du corps : un déplacement*, un blocage, une résistance etc. Parfois, nous pouvons entendre comme un bruit de craquement dans le cadre des manipulations mais en réalité c’est une compression intra-articulaire et le bruit entendu est une “implosion” à l’intérieur de l’articulation (c’est en réalité un phénomène naturel, une bulle de gaz qui s’échappe pour aller se dissoudre dans le liquide synovial). L’idée populaire associée aux techniques structurelles est de remettre en place, de manipuler les articulations. Ainsi, si le thérapeute réagence l’ordonnancement des structures, les fonctions vont se « normaliser » et le patient va retrouver un meilleur mouvement et une disparition et/ou atténuation des douleurs.
- Les techniques fonctionnelles associées au vitalisme (principe de la vitalité et du mystère de la vie. La vie ne se résume pas à la totalité des fonctions du vivant) s’exercent avec l’intention du thérapeute de stimuler les fonctions (meilleur mouvement, circulation des fluides) et de favoriser le rétablissement de l’état des structures corporelles en difficulté par le rétablissement des bonnes fonctions (articulation qui bouge mieux, muscle décontracté etc.).
En ostéopathie fonctionnelle, le thérapeute entretient, avec le patient humain ou animal, une relation particulière fondée sur une « connexion » mentale relayée par des mains qui sont plus des organes de ressenti et de transfert de volonté ou d’énergie.
Il convient, en ostéopathie fonctionnelle, de ressentir un fluide, une circulation et, sans geste marqué, profond sur le tissu, induire par la volonté un mouvement.
*le déplacement est un terme commun mais en réalité le déplacement est impossible sauf dans le cas de lésion anatomique qui ne rentre pas dans le champ de compétences de l’ostéopathe
Un objectif commun : rétablir l’harmonie au sein du corps
En fait, au-delà des « écoles » décrites et des concepts de techniques fonctionnelles et structurelles, il s’agit de postures qui sont très complémentaires et qui ont le même objectif : rétablir l’harmonie au sein du corps. C’est la porte d’entrée qui diffère parfois.
Dans le cas de l’ostéopathie structurelle, nous serons sur une approche plus concrète et revendiquée comme plus rationnel et éventuellement scientifique (recherche des faits et de l’objectif).
Dans celui de l’ostéopathie fonctionnelle, on convoquera l’intention et la capacité de générer des réactions du corps grâce à un mental thérapeutique sans induire réellement de gestes correctifs mécaniques réels.
Quelles sont les techniques les plus efficaces ? Faut-il choisir un ostéopathe structurel ou fonctionnel ?
Vaste question qui, à ce jour, n’a trouvé aucune réponse satisfaisante. Des études scientifiques montrent néanmoins que la capacité d’un ostéopathe à reproduire des gestes et repérer des modifications des tissus serait plus objective en ostéopathie structurelle*.
Il apparait que si les techniques sont essentiellement distinctes, en réalité, l’ostéopathie relève probablement des deux orientations qui sont plus ou moins développées chez les ostéopathes qui ont tendance in fine à emprunter les deux « techniques » pour construire leur propre pratique.
Néanmoins, les formations reçues vont souvent impacter pour longtemps la « philosophie technique » du thérapeute et lui donner une « patte » qui le caractérisera. Ainsi, un ostéopathe qui mobilise des articulations en les manœuvrant rapidement avec un cracking** est probablement plus structurel que l’ostéopathe assis derrière le patient qui est allongé avec les mains appliquées sous le crâne.
Concernant les techniques énergétiques, elles empruntent des concepts souvent issus de la médecine chinoise et s’associent aux fréquences qui ont été mesurées par des scientifiques dès le début du XIXème siècle dans des êtres vivants***. Elles sont, la plupart du temps, intégrées aux techniques fonctionnelles.
* Guillaud, A., Darbois, N., Monvoisin, R. & Pinsault, N. (2016) Reliability of Diagnosis and Clinical Efficacy of Cranial Osteopathy: A Systematic Review. PLOS ONE 11
** Cracking : terme ostéopathique désignant le bruit articulaire issu de la manipulation
*** Mouvement Brownien, en 1827, le botaniste Robert Brown observe un mouvement étrange à l’intérieur de graines de Pollen. Il interprète ce mouvement comme l’expression de la force vitale. Cette découverte va passionner les scientifiques.
La fusion de deux grandes traditions
En conclusion, les deux grandes traditions relayées par l’humanité depuis la nuit des temps se retrouvent*. Les rebouteux (étymologiquement « remettre bout à bout ») pour les structurels et les guérisseurs pour les fonctionnels.
Les uns redressent, raboutent, dénouent avec quelquefois des sensations un peu fortes pour le patient. Les autres convoquent, induisent, influencent en revendiquant des sensations plus douces.
Il est important que les patients ou les propriétaires s’orientent vers des ostéopathes qui correspondent à leur propre orientation et attentes.
Mais attention, si l’effet placebo est vraisemblablement important chez les humains, chez les animaux c’est une autre affaire. Le côté magique et mystérieux de l’ostéopathie fonctionnelle vitaliste n’a aucune prise chez eux. À noter qu’à ce jour aucune étude scientifique internationale n’a pu démontrer l’efficacité de l’ostéopathie tout court.
Alors comme disait mon grand-père : Tant que ça marche c’est que c’est vrai ! Cela s’appelle du bon sens !
Des origines aux principes, de François Lécuyer Gemeline, Editions des causes et effets
Article rédigé le 30-10-2024 par François Lecuyer Gemeline, ostéopathe animalier inscrit sur le RNA sous le numéro OA31.